A nouvelles conditions climatiques, nouveaux paradigmes économiques | 04/07/2040

Cet article est issu d’un flyer présentant la une d’un faux journal situé dans l’avenir de l’humanité, d’ici quelques décennies. Il a été conçu comme moyen d’immersion. Avec d’autres dispositifs, il a participé à la mise en situation des participants du hackathon #HelloSpace4 de Thales Alenia Space qui s’est déroulé les 4 et 5 juillet 2018, à Montauban.

 

Les dérèglements climatiques n’ont pas de conséquences uniquement environnementales. L’Organisation Mondiale du Commerce fait désormais partie des victimes de conséquences économiques issues des modifications climatiques que connait la Terre. Non sans cynisme, on pourrait dire que ça n’est que justice : en effet, ce sont les évolutions non contrôlées de l’économie humaine qui ont amené la planète dans la situation d’aléas climatiques qui désormais est son quotidien.

Le mois dernier, l’OMC s’est donc auto dissoute. Dans un dernier communiqué, feu l’OMC pointait le constat que l’humanité ne semble pas capable de modifier ses modes de production et de consommation. Dans cette déclaration, l’organisation admet son incapacité à gérer, ou, tout au moins, à arbitrer des tensions écono­miques, stratégiques et politiques issues, entre autres, de l’instabilité persistante des cours des “matières premières  stratégiques”. Ces minerais, indispensables aux industries du XXIe siècle, font le jeu de guerres économiques,  plus ou moins déclarées. On peut au moins citer celle qu’entretient la toute nouvelle Alliance Économique Asiatique — forte d’une Chine plus que jamais arrogante — avec ses partenaires économiques habituels. Ainsi, tout autour de la planète, chaque bloc (Europe, USA et ses satellites, Afrique, AEA…) préfèrent oublier l’indispensable dimension planétaire que doit prendre l’économie pour privilégier ses intérêts propres. C’est pourquoi, nombre d’observateurs considèrent désormais ces tensions économiques comme une autre forme de conséquences issues des dérèglements climatiques.

L’impact de ces spéculations sur les populations et pour l’environnement est d’autant plus important que l’industrie spatiale n’esttou­jours pas en capacité de fournir ces mêmes minerais en provenance de la ceinture d’astéroïdes, et ce malgré l’urgence pourtant garantie de rentabilité. Quelques “wagons” de fret spatial sont arrivés à bon port, mais le rythme ne suit pas : le train spatial n’a toujours pas démarré.

En urgence, l’ONU s’est saisie du délicat dossier de l’économie planétaire en créant un nouvel organe onusien : l’Organisation Mondiale de la Normalisation des Echanges Economiques (OMNEE). Ce qui aurait du être l’Organisation mondiale du développement planétaire durable a du s’habiller des attributs de l’économie pour s’assurer l’adhésion du plus grand nombre de nations. Parmi les plus réticentes, les USA n’ont pourtant pas pu faire l’impasse sur leur participation : leur principal créancier, la Chine, est un des premiers à avoir signé la charte de l’OMNEE.

Une des mission de cet­te nouvelle instance sera d’inciter les nations à ne plus laisser un territoire en état de dépendance économique externe (pour ne pas dire étrangère). Ces incitations à la relocalisation devraient, par exemple, continuer à réduire le coût environnemental du fret maritime, au lieu de se contenter des 30% de gains acquis grâce aux itinéraires arctiques rendus praticables par la quasi dispa­rition de la calotte glacière. Une autre mission de l’OMNEE sera d’apaiser une humanité qui, forte de 9,8 milliards d’individus, se tourne de plus en plus vers des souverainismes populistes, à l’opposé de la nécessité d’un développement planétaire durable.

Le nouvel organisme onusien a été porté sur les fonds baptismaux internationaux, par pragmatisme et diplomatie : crispations politiques et économiques allant à l’encontre de toute forme de développement durable global. Cependant, nombre de divorces sont en instance d’être prononcés : celui entre nations et entreprises supranationales, un autre entre gouvernants et peuples. Un dernier entre entreprises et société civile… Bien que les entreprises semblent enfin vouloir prendre leur part à l’élan que l’OMNEE cherche à insuffler à l’échelle de la planète. En effet, les entreprises ne peuvent plus ignorer la pression en provenance de leurs clientèles. L’OMNEE compte bien profiter de ce pragmatisme économique.

Reste à savoir si l’humanité a encore le temps du changement. Le climat à la fâcheuse tendance à se comporter comme un paquebot lancé à pleine vitesse : entre un ordre de changement d’allure et le moment où l’on constate que le navire a bien modifié son allure, il se passe un long temps ! L’humanité devrait plutôt se préparer à voir émerger de nouveaux modèles sociaux qui, quoique l’on fasse, porteront en eux les stigmates des épreuves qui les auront fait émerger au lieu que d’espérer voir durer une société qui a fait les preuves de ses limites.

 

16 juil. 2018