Ce qui devait arriver un jour ou l’autre s’est finalement produit : l’usage de robots à des fins terroristes ou criminelles.

Feuilletant paisiblement son journal dans son jardin, le lieutenant Chu de la police thailandaise crut d’abord avoir affaire à l’enquiquinant jouet téléguidé de son fils de 7 ans… Trop tard : l’explosion brisa les vitres du voisinage et souffla littéralement la facade de sa résidence en banlieue de Bangkok. Disponible au rayon jouets de n’importe quel hypermarché, équipé d’une webcam et d’un récepteur wi-fi, l’inoffensif petit char aux couleurs vives transportait une bombe déclenchée à distance par un omniphone mobile. Quelques semaines plus tôt, la brigade spéciale dirigée par le lieutenant Chu avaient du abattre deux logisticiens clés d’un cartel asiatique de la drogue (Chine, Russie, Thailande) lors d’une opération coup de poing. Son épouse et ses deux enfants étaient heureusement absents du domicile familial lorsque le drame eut lieu.

Trente ans plus tard, le drone-suicide, communément appelé « roboterroriste », est l’une des armes favorites des groupes terroristes et des organisations criminelles.

A Ciudad Del Este, trois véhicules de police locaux et deux 4X4 blindés de quelque bureau anti-drogue américain eurent à peine le temps d’apercevoir plusieurs objets roulants foncer sous leurs chassis. Le cortège entier fut pulvérisé en moins de cinq secondes. Les cartels de la drogue eurent recours à des adolescents pour radioguider ces robots emportant une charge meurtrière de 5 à 10 kg, assemblés avec de simples composants commerciaux.

Aujourd’hui encore, les laboratoires militaires et les entreprises de technosécurité recherchent activement des parades efficaces contre ces kamikazes électroniques.

Patriarche de la plus puissante famille mafieuse du Japon, Boss Matsumoto entretenait de remarquables relations d’affaires avec les triades chinoises – notamment dans la conduite d’opérations communes de cyberpiratage financier – contrairement aux clichés trop souvent répandus dans son pays. Cette favorable et enviable collusion avec l’ennemi atavique lui valut énormément de haine et de jalousie dans l’univers mafieux nippon. À 68 ans, il déglutit une minuscule sphère en biomatériaux intelligents qui, une fois à l’intérieur de son organisme, se reconfigurait en micro-pacemaker parfaitement adapté à son système cardio-vasculaire. En apposant simplement le pod-ventouse Cardiocom (compatible avec une multitude de standards télécoms et de protocoles internet sécurisés) sur sa poitrine, Boss Matsumoto permettait à ses cabinets de cybercardiologie (deux au Japon, un en Allemagne, tous opérant 24h/24) d’assurer à distance son suivi médical et la mise à jour régulière ou urgente de son logiciel cardiorobotique.

Sournoisement introduits par un hacker dans les serveurs des trois cabinets de cybercardiologie, desbotnets modifièrent radicalement les scripts de mise à jour personnalisée du micro-pacemaker de Boss Matsumoto. Les cybercardiologues assistèrent impuissants au décès de leur patient suite à une inexplicable et violente arythmie cardiaque, ne décelèrent aucune trace du malware dans leurs systèmes informatiques et reçurent une plainte officielle des deux fils et de la fille de Boss Matsumoto leur réclamant à chacun 35 millions d’eurodollars de dommages et intérêts. Toujours en quête de la moindre preuve, les trois héritiers demeurent néanmoins persuadés que cette diabolique liquidation fut l’oeuvre de la famille mafieuse rivale Akinawa dont la plupart des membres avaient vécu ou étudié en Amérique, et perdu de facto le sens des indéfectibles valeurs traditionnelles du « milieu ».

Depuis ce funeste incident, les cabinets de cybercardiologie, les sociétés de matériel robomédical et les fabricants de prothèses et d’implants bioniques intègrent de véritables divisions de cybersécurité.

© Charles Bwele

20 mars 2009